CellProthera, la biotech qui répare les coeurs

CellProthera, la biotech qui répare les coeurs

Le prix Ubistart récompense les avancées médicales d’une start up alsacienne spécialiste du traitement des lésions cardiaques après un infarctus.

 

Sur le papier, la solution paraît limpide. Plutôt que de pratiquer une transplantation cardiaque, mieux vaut réparer directement les tissus fragilisés par la violence d’un infarctus. La biotech CellProthera créée à Mulhouse en 2008 a élaboré un système pour cultiver un greffon à partir des cellules du patient. Ces cellules issues d’un prélévement sanguin sont multipliées in-vivo pour être ensuite injectées par cathéter dans la zone touchée. De fait, après un infractus du myocarde sévère, l’organe est trop abîmé pour être laissé tel quel.

L’opération à coeur ouvert est une intervention lourde. La réparation tissulaire est donc une alternative plus légère. Selon CellProthera, 1 million de malades pourraient en bénéficier chaque année en Europe, aux Etats-Unis, et au Japon.

Ce potentiel n’a pas échappé à Business France (ex-Ubifrance), l’agence en charge de la promotion des PME françaises à l’export. CellProthera fait partie des lauréats du concours Ubistart initié par Business France pour accélérer les partenariats dans le domaine des thérapies d’avenir. L’opération a été montée en collaboration avec la fondation américaine Galien, présidée par Bruno Cohen.

« Cet organisme privé et prestigieux réunit des scientifiques et des experts de l’industrie pharmaceutique, afin de promouvoir l’innovation scientique, et l’ambition commerciale », précise Yves Germani, chef du pôle santé de Business France aux Etats-Unis.

400 à 500 emplois en 2019

Près de 200 entreprises françaises ont envoyé leur dossier chez Business France. Après sélection, 46 ont été invitées en juillet dernier à l’académie des sciences de New York. Objectif : présenter l’intérêt de la société, afin de convaincre un maximum de contacts. Trois lauréats -dont CellProthera- ont été retenus en décembre pour recevoir une enveloppe de 100 000 dollars. « La somme est relativement modeste, reconnaît Yves Germani. L’intérêt d’Ubistart est avant tout d’ouvrir une porte sur le marché Outre-Atlantique. Le succès est tel que l’opération devrait se répéter. »

CellProthera s’est ainsi rapproché de Biocardia, société de pointe basée à San Carlos en Californie, qui produit les cathérers nécessaires à l’injection de greffons dans le corps des patients. Même si ces technologies sont encore au stade de l’essai clinique international, Jean-Claude Jelsch, directeur général de la biotech alsacienne est optimiste. Il anticipe un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars, et la création de 400 à 500 emplois en France dans les quatre ans.

En attendant, CellProthera qui fait partie des douze sociétés de « l’équipe de France des biotechs » sélectionnées par le ministère de l’Economie et du redressement progressif (période Montebourg) est à la recherche de 20 millions d’euros supplémentaires.

 

Marie Nicot – Le Journal du Dimanche

mardi 27 janvier 2015